Préserver la santé mentale au travail
La santé mentale au travail : défi ou fausse piste pour les représentants du personnel ?
La santé mentale est devenue une question de premier plan. Cela pourrait même devenir un sujet politique revendiqué et affirmé. Grande cause nationale en 2025 ? Représentants du personnel et employeurs sont confrontés de façon croissante à une problématique qui les dépasse de plus en plus.
Nous vous proposons une réflexion issue de nos pratiques professionnelles.
L’employeur doit préserver la santé mentale
C’est le fondement établi par le fameux article L4121-1 du code du travail. « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». L’obligation de l’employeur ne concernait à l’origine que la santé physique, c’est à la fin des années 80 qu’une directive européenne a ajouté la dimension mentale. L’obligation est claire mais elle concerne un sujet particulièrement compliqué…notre mental !
Qu’est ce que la santé mentale ?
C’est là que les choses se compliquent… définir la santé mentale est compliqué et sort rapidement du champ de compétence des représentants du personnel…et des employeurs également ! Petit tour des références possibles :
L’OMS considère la santé mentale comme : « un état de bien-être mental qui nous permet de faire face aux sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté ».
La santé mentale n’est pas seulement l’absence de maladie mais est associée à une capacité à faire face. Elle est aussi l’objet de travaux très complexes en psychiatrie ou psychologie clinique. Aborder la notion de trouble mental : angoisses, dépression, psychoses sort totalement du champ de compétence de l’entreprise…alors que c’est une obligation de prévention ! dans l’entreprise, le débat ne peut donc se tenir sur le plan médical.
Pourquoi la santé mentale ?
L’Organisation Mentale de la Santé (OMS) définit la santé comme un trépied : physique, psychique et social dont il est difficile d’isoler une dimension. Notre santé dépend donc d’un équilibre. Isoler une facette de la santé est donc difficile. Pour autant, de nombreuses communications et études se focalisent aujourd’hui sur la santé mentale avec des résultats très inquiétants pour l’ensemble de la société comme dans le monde du travail.
Il est donc clair et impératif d’agir pour la santé mentale, même si les autres dimensions…sociale et physique devraient également attirer notre attention. Pour renforcer nos difficultés, il n’y a pas de mur entre les santés privées et professionnelles…la santé est un tout.
Pourquoi la santé mentale aujourd’hui ?
Les travaux sont nombreux et utilisent souvent des concepts différents : burnout, détresse psychique, stress. Ils donnent cependant des résultats assez constants :
- Une fraction importante des salariés sont en(très) grande difficulté sur le plan mental…on pourrait trouver un compromis autour de 15%....un salarié sur six !
- La tendance est à la croissance depuis quelques années avec une accélération singulière durant la période Covid. Une pente qui ne s’est pas adoucie depuis.
Quelques références :
- Enquêtes Empreinte Humaine / Opinion Way qui indiquent un niveau de détresse psychique élevé chez 17 % des salariés
- Le problème n’est pas français, même la douce Belgique est concernée et connaît une vive progression des troubles psychiques chez les salariés
- La sécurité sociale reconnaît le problème puisque les maladies professionnelles hors tableau connaissent une vraie explosion depuis une dizaine d’année
Bref l’heure est grave, que l’on prenne le sujet sous son aspect sanitaire où économique. Il est clair qu’un salarié en grande détresse psychique ne peut faire face aux difficultés de son travail.
Agir sur le travail plutôt que prendre de médicaments
Nous sommes à un carrefour avec des chemins très dangereux devant nous. Une tendance forte vise à sur-responsabiliser l’individu et à le médicamenter. Dans cette optique ce serait au salarié de pouvoir faire face, et à défaut il faudrait le soigner. Le salarié est là pour s’adapter. A lire : « Il faut s’adapter ».
C’est dans le travail que nous pouvons trouver des solutions, certes partielles concernant la santé mentale. Le sujet peut sembler complexe mais d’excellent(e)s spécialistes français nous balisent le chemin. A lire bien sûr Marie Pezé dont le site regorge de ressources :
Le rôle du dialogue social est d’améliorer les conditions de travail, d’analyser les risques et de trouver les réponses dans l’organisation et les ressources à mettre en place dans l’entreprise. Chemin compliqué…mais y-en-a-t-il un autre ?